Pensez-vous qu'en intervention, tout le personnel soit efficace? Si vous
engagez 10 hommes, combien vont réellement être actifs? Malgrès la
formation, quel va être le niveau technique compte tenu du stress? Votre
équipe est-elle principalement composée d'acteurs ou de simples
spectateurs? Comment pouvez-vous espérer améliorer les performances du
groupe?
Avez-vous eu l'occasion d'être présents sur une intervention, sans y
participer et de regarder les individus qui agissent? Non pas comme un
groupe mais en les regardant un par un? Tout ceux qui ont eu la chance de
faire cette expérience en sont ressortis étonnés. Etonnés du fait que
certains ne font... rien. Ils s'agitent, déplacent du matériel, le
remettent là où ils l'ont pris, vont le reprendre, le déplacent. Ils
"brassent" de l'air mais ne participent aucunement à l'action.
Sur une vidéo d'une intervention nous avons eu la surprise de voir un
pompier sortir de l'engin mettre son ARI, se diriger vers l'habitation en
feu, revenir sur ses pas, retourner vers la maison puis aller s'assoir sur
le pare-choc du camion, retirer son ARI et rester là avec l'attitude d'un
gars qui vient de ressortir de 30 min de progression face aux flammes. Le
Héros dans toute sa splendeur.. mais qui n'avait rien fait du tout!
Est-ce que cette attitude est exceptionnelle? Le livre du Colonel GOYA
vous éclairera d'un façon surprenante.
Sur environ 250 pages Michel GOYA (Offcier de Troupes de Marines) nous
parle d'un sujet généralement tabou: la peur face aux événements et toutes
les conséquences qui en découlent. Bien que ce livre concerne essentiellement la chose militaire, il est très
facile de faire le lien avec l'activité des sapeurs-pompiers c'est à dire
une activité durant laquelle le stress joue un rôle important.
Dans son livre, Michel GOYA compile tout un ensemble de témoignages issus
d'une multitude de conflits. Des témoignages de grandes actions
courageuses tout comme des témoignages plus surprenants comme celui de
groupes pris de panique sans raisons apparentes.
Une analyse précise des capacités de travail d'un groupe donne à réfléchir
en terme de composition de nos équipes. Sur d'autres pages Michel GOYA analyse non plus des
sentiments ou des perceptions humaines mais des chiffres: nombre de
cartouches tirées pour n'abattre qu'un ennemi, nombre d'ennemis
abattus par un seul tireur d'élite. Le Colonel GOYA en déduit qu'il
existe des "spectateurs" et quelques "Docteurs es Mort Violente".
Des experts qui arrivent à des résultats incroyables alors que la
masse autour d'eux ne fait que de la figuration.
Pour nous, sapeurs-pompiers, c'est la même chose: un coup d'oeil sur
de nombreuses vidéos nous montre des équipes arrosant sans jamais
atteindre le feu. On arrose pour se donner de la contenance tout
comme le militaire se met à tirer... pour tirer. En même temps
l'analyse de l'intervention de Mouscron donne une vision
diamétralement opposée! |
|
L'ouvrage traite également de la saturation des hommes, saturation que
l'on peut trouver en secourisme: énervement, prostration, secouriste qui
va vous raconter 20 fois la même intervention.
Cet ouvrage, exceptionnel, éclairera le lecteur sur cet aspect émotionel
et les différentes attitudes que les émotions entrainent chez l'individu
et au sein du groupe.
La dernière phrase de cet ouvrage est du Capitaine Hugues Roul. Il relate
une mission qu'il a mené en Afghanhistan, durant laquelle son régiment
devait ouvrir un itinéraire. Il termine son récit par ces mots,
parfaitement adaptés à l'évolution chaotique que nous constatons au sein
des services incendies alors que les dangers évoluent plus vite que nos
compétences:
"Dans mon esprit, notre mission d'ouverture d'itinéraire s'apparente de
plus en plus à de la roulette russe. Jusqu'à présent la baraka
semble nous avoir soutenus, pourtant je commence à penser qu'à force de
compter sur elle, elle pourrait bien nous lâcher un jour".