Il y a de nombreuses années (en 1996), le FSEG (FIRE
SAFETY ENGINEERING GROUP de l'Université de Greenwich)
a mis au point une système permettant de modéliser
les phénomènes de flashover et de backdraft. Outre
cette possibilité, le système permet de suivre de
façon précise les mouvements et l'évolution
des zones chaudes, dans un local. L'influence de l'ouverture d'une
porte ou l'influence de la simple présence d'une porte
ouverte (turbulence en haut de celle-ci), sont parfaitement visibles
dans cette étude.
Le modèle est prévu pour être utilisé
dans des applications d'engineering liées au domaine de
la modélisation incendie. Il représente une extension
de cette technique pour les situations impliquant la combustion
de combustibles cellulosiques solides. En plus de prédire
la propagation de flammes sur les surfaces solides, le modèle
est capable de prédire qualitativement les comportements
semblables au Flashover - dans le cas d'un scénario avec
pièce ouverte - et au Backdraft - dans le cas d'un scénario
avec pièce fermé. Le modèle comprend les
sous-composants suivants : un modèle de combustion de phase
gazeuse, un modèle de rayonnement (radiation) et un modèle
thermique de pyrolyse.
Les deux simulations présentées ici concernent
un compartiment bidimensionnel de 3.6O m de long et 2.4O m de
haut et une maille informatique non-uniforme se composant de cellules
de 52x23 (1196) employés pour discritiser le domaine d'écoulement.
NdT : le principe consiste à découper
le volume en une multitude de petites zones, afin de pouvoir réaliser
les calculs. Ce principe de découpe d'un volume ou d'une
surface en une multitude de petites surfaces est employé
depuis longtemps en informatique, dans des domaines aussi différents
que l'image de synthèse, les jeux vidéos etc Plus
le maillage est fin, plus la précision est importante,
mais plus le temps de calcul est long.
Le compartiment possède une porte de 2.0Om de hauteur
(elle apparaît à droite sur les schémas).
Le combustible solide est situé au plafond et se compose
d'un matériel cellulosique de 12mm d'épaisseur,
qui couvre entièrement la surface du plafond. Une maille
de cellules de 47x60 est employée pour discrétiser
le matériel plein.
Scénario 1 - Porte ouverte
Dans le premier scénario, la porte de 2.0Om de haut est
ouverte pendant toute la simulation. Une source de chaleur est
artificiellement présentée dans le calcul, par l'introduction
d'une source de chaleur de 100 kilowatts située sur le
plancher, à côté du mur du fond. Cette source
est active pendant toute la simulation.
Le développement du feu dans le compartiment semble
suivre un développement en trois étapes
- étape de croissance
- étape de plein développement
- étape de déclin
Le schéma 1, qui dépeint le taux de rejets de
chaleur dûe à la combustion gazeuse et le taux de
combustion du combustible solide dans le compartiment, montre
clairement cette évolution. Au bout d'environ 220 secondes,
suite à l'implication totale du plafond combustible (totalement
enflammé) , la flamme sort du compartiment (schéma
2), ce phénomène étant souvent observé
dans les expériences durant lesquelles le Flashover se
produit. L'augmentation brutale du taux de combustion, visible
sur le schéma 1, à environ 220 secondes, valide
également le principe général admis lors
de plusieurs expériences et indiquant qu'il existe un taux
limite de combustion qui doit être dépassé
pour qu'il y ait déclenchement d'un Flashover.
Schéma 1 : Taux de rejets de chaleur
issue de la combustion gazeuse et taux de combustion du matériel
plein dans le cas 1. (scénario avec porte ouverte). Les
"plus" (+) représente le taux de rejets de
la chaleur de la combustion gazeuse (kW). Les "x"
représentent le taux de combustion du matériel
plein (g/s). |
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Schéma 2 : Tracé du taux
de rejets de chaleur de la combustion gazeuse durant la phase
de preflashover pour le cas 1 (t = 200s) et pendant le Flashover
(t = 220s). Unité : kW. |
Scénario 2 - Porte fermée
Le compartiment utilisé dans le deuxième cas est
identique au compartiment utilisé dans le premier. Cependant,
la porte du compartiment est initialement fermée. Plusieurs
secondes après le moment prédit par le modèle
pour la fin de la combustion en phase gazeuse, la porte du compartiment
est ouverte, permettant à l'air riche en oxygène
d'entrer dans la pièce.
En comparant au premier cas, nous voyons qu'au lieu d'obtenir
une augmentation brusque du taux de rejets de la chaleur avec
propagation du feu, les augmentations de taux de rejets de la
chaleur évoluent lentement, cependant il y a une augmentation
rapide de la quantité du combustible s'accumulant dans
le compartiment (schéma 3). Après approximativement
45 secondes, le taux de rejets de la chaleur dû à
la combustion avec flamme, commence à diminuer en raison
de la réduction de la concentration en oxygène.
Le schéma 3 laisse penser qu'alors même que le feu
meurt, la quantité de combustible s'accumulant dans le
compartiment continue à augmenter. Ceci montre que le processus
de pyrolyse continue, car le mélange de gaz chaud fournit
suffisamment d'énergie pour que le processus endothermique
continue .
Schéma 3 : taux de rejets de chaleur
de la combustion gazeuse et quantité de combustible s'accumulant
dans le compartiment pour la cas 2 (porte fermée). Les
"plus" .(+) représentent le taux de rejet
de chaleur de la combustion gazeuse (kW). Les "x" représentent
la quantité de combustible s'accumulant dans le compartiment
(en grammes). |
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Au bout de 59 secondes, la porte du compartiment est soudainement
ouverte. Le comburant (air) est entraîné dans la
pièce par la partie inférieure de la porte tandis
que le mélange de gaz combustible , chaud et riche, sort
de la pièce par la partie supérieure de la porte,
sous le soffite. Presque immédiatement, le mouvement des
gaz riches en combustible chaud associé au mouvement de
l'air riche en oxygène , re-lance le processus de combustion
(Schéma 4 (a)). Une grande quantité de combustible
s'étant accumulée dans le compartiment (Schéma
3), la réactivation de la combustion gazeuse est violente.
Des quantités considérables de gaz combustibles
sont éjectées à l'extérieur en partie
haute de la porte, en un temps très court, produisant une
grande zone en combustion en dehors du compartiment c.-à-d.
que la flamme dépasse du compartiment (Extériorisation
- Schéma 4 (b)). Ce type de comportement est semblable
au phénomène connu sous le nom de backdraft.
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Schéma 4 : Taux de
rejets de chaleur de la combustion gazeuse pour le cas 2, c'est
à dire "porte fermée durant la phase initiale"
. Le schéma (a) représenta la situation une seconde
après l'ouverture de porte, et le shcéma (b) trois
secondes après l'ouverture de porte. (unité: kW). |
Référence
Prédiction de la propagation du feu lors de feux en milieu
clos. Auteurs : F Jia, ER Galea et M K Patel. Article n° 96/IM/10, ISBN 189999 10 93, CMS PRESS, 1996
Conclusion des traducteurs
Cet article montre deux choses :
1 - La différence entre flashover et backdraft. Les
courbes des figures 1 et 3 montrent que lors d'un flashover, les
gaz combustibles sont consommés pratiquement en même
temps qu'ils sont produits, alors que dans le cas du backdraft,
le combustible est produit, accumulé dans le local alors
que la quantité d'énergie est quasi stable (et pas
forcément très élevée) puis, à
l'ouverture de porte les gaz combustibles éjectés
se mélangent avec l'air puis sont consommés. Dans
la présente simulation, le fait que cette consommation
de gaz combustible soit quasi immédiate caractérise
le backdraft.
2 Quelle que soit la situation dans laquelle se trouve
le local (en mode pré-flashover ou en mode pré-backdraft)
cette simulation illustre parfaitement le danger lié au
passage de porte et plus particulièrement a ce qui peut
se passer en partie supérieure de la porte. La porte est
une restriction de passage. A cet endroit, les gaz chauds vont
accélérer et le mode d'écoulement, qui pouvait
être quasi laminaire, peut devenir turbulent. Ces turbulences
plus ou moins importantes en fonction de la combustion, vont favoriser
les mélanges gaz combustible / air. Ainsi, nous pouvons
aisément, lors d'un passage de porte, nous trouver au niveau
des fumées face à des puissances thermiques supérieures
à la puissance thermique présente à l'intérieur
du local, du simple fait de ce brassage.
Ce genre de travaux valide pleinement le protocole d'ouverture
de porte tel qu'il est décrit dans le document Jet-Débit-Action,
disponible ici, en téléchargement.
Article original: Modelling of FLASHOVER and BACKDRAFT
Using Fire Field Models.
http://fseg.gre.ac.uk/fire/flashover_and_backdraft_modelling.html.
Traduction Franc Gaviot-Blanc et Pierre-Louis Lamballais.