Les VPI

Date: 14 mai 2005 à 13:31:30
Sujet: Matériel


Nos recherches sur les Progressions Rapide du Feu, montrent que la chaîne hydraulique dans son ensemble, doit être adaptée, tout comme les actions à mener. Or dans de nombreux départements, le choix des VPI commence à s'imposer progressivement et a amené de nombreuses réflexions. Dans cet article, nous allons tenter de regrouper ces réflexions, en espérant que vous serez nombreux à donner votre avis sur ce sujet.



Comme souvent, il est difficile voir impossible d'avoir à la fois le beurre et l'argent du beurre. Les avantages indéniables des VPI sont donc également leurs inconvénients.

Le vieillissement du parc

Le non renouvellement du parc est le résultat d'une politique d'attente. Or si le vieillissement est réel, l'accélération de la dégradation n'est pas encore réellement visible. Un collectionneur, qui dispose d'un véhicule de 40 ans, essaye de le sortir le moins souvent possible, et roule avec, de façon modérée.

Un FPT de 1960 a été prévu pour alimenter des lances à fûts tronconiques, avec des débits faibles et une pression réduite à l'ajutage.

En alimentant des DMR-500, soit le conducteur donnera une mauvaise pression aux lances et diminuera leur rendement, mettant en cause la sécurité des BAT, soit il mettra la bonne pression et fera hurler le moteur de son FPT, qui n'est pas prévu pour ça.

De même, sur une lance à fût tronconique, le passage d'un déchet, d'un petit morceau de rouille dans l'ajutage, ne prête pas à conséquence. Pour un DMR c'est l'obstruction quasi-instantanée et le BAT se retrouve sans eau en quelques secondes? Un véhicule ancien est donc un véhicule qui va se dégrader très rapidement, en mettant les intervenants en dangers.

La solution de remplacement : le VPI

Le coût d'un tel véhicule est inférieur à celui d'un FPT. Or le renouvellement du parc intéresse les contribuables et par prolongement logique, les politiques. Et pour le contribuable, un camion rouge avec des tuyaux, c'est un camion rouge avec des tuyaux, que ce soit un FPT, un FPTL ou un VPI !

Si les VPI en circulation il y a 10 ans ressemblaient à de simples camionnettes, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Le VPI, de par son faible prix, va donc permettre de renouveler le parc de véhicule, et de conserver des zones d'intervention de dimensions acceptables, ou en tout cas compatible avec le SDACR.

Son équipage réduit favorise également cette rapidité d'intervention car monter une équipe avec 3 binômes, en journée sur des secteurs ruraux est totalement illusoire. Avec un conducteur (sans forcément le permis PL), un Chef d'Agrès et un seul binôme, le VPI a toutes les chances de décaler rapidement.

L'évolution des feux

Le fourgon est un véhicule dont le fonctionnement doit aller de pair avec des impératifs stratégiques et tactiques. Or, nous le savons tous, les feux ont évolué et le déclenchement des secours également.

Il y a quelques dizaines d'années (tout au plus), le déclenchement des secours était tardif et les sapeurs-pompiers arrivaient sur les feux alors que tout était joué : la phase de croissance des feux était assez rapide compte tenu de la mauvaise isolation, et le contenu des habitations était assez pauvre en décoration et en matériaux combustibles. Or de plus en plus nous nous projetons rapidement sur les lieux des sinistres (alerte par téléphone portable, BIP?), et nous arrivons sur des feux en phase de croissance. Celle-ci est plus longue qu'avant (à cause de l'isolation) et débouche sur des phases stables, plus puissantes (à cause du mobilier et de la décoration).

Devant un feu en phase stable, peu importe qui arrivait en premier : il fallait simplement dérouler, trouver de l'eau, se placer et arroser longtemps. L'ensemble correspondait tout à fait à ce type d'intervention : cuir court, petit casque, pas d'ARI, lance à fût tronconique. Logique, mais plus du tout au goût du jour.

Car aujourd'hui, arriver sur la phase de croissance, c'est avoir encore la possibilité d'abattre le feu très rapidement, pour l'empêcher d'arriver justement à son maximum.

L'impact des premiers intervenants est déterminant : il faut frapper très fort, très vite.

Avec son casque F1, sa cagoule, son ARI, sa tenue de feu avec sur-pantalon, son DMR-500, le sapeur-pompier du XXI ème siècle a tous les atouts pour cela.

C'est une simple affaire de logique et de stratégie : le feu, c'est un ennemi qui débarque. Il faut le remettre à l'eau dès qu'il a mis le premier pied sur la plage car après c'est trop tard. Il faut reprendre un des conseils de Machiavel dans « Le Prince » : « nul ne doit différer une guerre car toutes les guerres différées l'ont été au profit de l'adversaire ».

Ainsi l'adage par lequel il faut un verre d'eau la première minute puis un seau, puis un tonneau, a été compris à l'envers. Cela ne veut pas dire que l'on doit commencer par attaquer avec un verre, mais plutôt qu'il faut commencer tout de suite avec un seau, au risque de manquer son attaque et d'être obligé d'aller chercher un tonneau !

A l'arrivée sur les lieux

Voici donc notre VPI, parti à toute vitesse, avec son équipage de 4 hommes, qui n'ont que quelques kilomètres à faire et qui arrivent sur les lieux, face à un feu qui est encore dans sa phase de croissance. Que faire ?

Si les méthodes d'attaques sont toujours celles d'un FPT, l'équipage va au-devant de très gros ennuis.

Ainsi, avant que l'eau n'arrive à la lance, il faut remplir les tuyaux. Cela paraît tellement évident que nous l'avons presque tous oublié. Il faut dire qu'avec 2500 ou 3000 litres d'eau dans les FPT, la question n'a jamais été réellement posée. Mais pour remplir 1 m de tuyaux de 70, il faut 3,9 litres d'eau, tandis que pour 1 m de tuyau de 45, il faut 1,6 litre.

Pour un établissement classique avec 60m de tuyaux de 70 et 60m de 45, il faut donc déjà : 60 x 3,9 + 60 x 1,6 = 330 litres d'eau avant que la première goutte ne sorte de la lance

Si le VPI, avec ses 450 litres d'eau, n'est pas alimenté, cela ne sert à rien car le BAT va se mettre rapidement en danger. Donc, alimentons ! Mais encore faut-il pouvoir, car en secteur rural, ce n'est pas toujours simple. Imaginons quand même qu'il y ait un PI pas trop loin : comme le VPI ne dispose que d'un binôme, on peut estimer qu'il va falloir 3 minutes minimum pour alimenter l'engin, puis 2 minutes à ce même binôme pour mettre sa lance en eau (n'oublions pas que le BAT, transformé en BAL a son ARI sur le dos !). Sur un feu stable, cette durée d'établissement joue en faveur du binôme car le feu ne peut que baisser en intensité. Sur un feu en phase croissante, cette attente joue contre le binôme (cf. l'article Comment tuer un BAT)

La solution pourrait être d'attaquer à la LDT. Mais outre sa captation thermique réduite, la LDT est désormais interdite pour les attaques en milieu clos ou semi-clos, conformément au GNR EGE/EF.

Regarder sans rien faire ? Imaginez la situation ! Les secours arrivent avec un véhicule flambant neuf et regardent brûler?

Quant à opter directement pour une action de sauvetage, c'est une solution risquée car il n'y a pas possibilité d'avoir de binôme de sécurité. Et de plus, la MGO précisée dans le GNR EGE/EF indique bien que la mise en ?uvre de moyens hydrauliques est un préalable, ce qui est très logique. Ne serait-ce qu'en AFPS, on apprend que la protection commence en premier par celle du sauveteur, n'est-ce pas ?

Il faut trouver d'autres solutions, se faire plus malin, réfléchir?

Retirons par exemple la LDT de son dévidoir et plaçons-y 120 de tuyaux de 45. Le BAT déroule, aidé par son Chef d'Agrès et par le conducteur. En 1 minute maximum, la lance est en eau. Or avec un tel établissement, seuls 192 litres d'eau (120 x 1,60 litres) ont été consommés par les tuyaux.

Le BAT dispose donc de moyens hydrauliques et se trouve face au feu dans un temps extrêmement cours.

De même, pourquoi alourdir le VPI avec des lances 40/14 ou une lance 65/18 ? Pour utiliser de telles lances il faut du personnel et de l'eau et cela ne pourra se faire qu'avec des renforts qui eux disposeront de tout le matériel nécessaire.

De la mousse ? Plutôt que des bidons, des systèmes type « Propack » sont sûrement plus adaptés, ou alors utiliser simplement les DMR, éventuellement avec le petit cône accessoire pour produire une mousse de meilleure qualité (les DMR commercialisées actuellement sont même prévues pour une utilisation «mousse» sans ce cône supplémentaire).

Accessoires

Le fait de devoir intervenir rapidement, en équipe réduite, améne également à se poser des questions sur les accessoires : cales de portes, thermomètres infrarouges, matériel de pénétration rapide (tronçonneuse à disque, holligan tool?), lampe de casques?
Bloque porte hingehook avec lampe de repérage

Tout doit être fait pour permettre des actions extrêmement rapides et efficace. De même, sachant que l'équipage est réduit, le rôle du Chef d'Agrès doit changer. Plus possible d'avoir un homme sans ARI ni sur-pantalon qui se contente d'une reconnaissance extérieure, puis de passer des messages. Il faut «mettre la main à la pâte», aider dans la progression, participer à l'établissement, aux sauvetages en protégeant le binôme avec une lance etc. Plus que tout autre le Chef d'Agrès VPI doit avoir une aisance maximale sous ARI, une capacité d'observation sans faille, une parfaite connaissance de ses hommes et de son matériel.

La formation

Des formations différenciées sont prévues dans certains départements, afin que les petits centres n'aient pas la même formation que les gros. C'est une bonne chose, du moins s'il y a réellement différenciation par le contenu et pas simple différenciation par le volume Un équipage de VPI ne peut pas et ne doit pas avoir la même formation qu'un équipage de FPT : dérouler des dévidoirs avec 200 m de tuyaux ne présente aucun intérêt, mais par contre connaître les méthodes d'établissement avec caisse à tuyaux, sac d'attaque, tuyaux en écheveaux etc. est primordial. Un équipage de VPI c'est en quelque sorte un équipage «commando», qui va ensuite être soutenu par une unité plus puissante, mais également plus lourde.

Si la différenciation consiste simplement à fournir aux équipages de VPI une sous-formation FPT, il est à craindre que le nombre d'accidents augmente rapidement, tout aussi rapidement que le renouvellement du parc.

Chez nos voisins?

Il y a quelques semaines, Paul Grimwood a écrit un article sur les «snatch rescue», c'est-à-dire sur les sauvetages rapides, dès l'arrivée sur les lieux. La question ne se pose pas pour les «snatch rescue» par la fenêtre, nécessitant une échelle, mais plutôt «par la porte». La première question a été de savoir s'il fallait ou non utiliser des ventilateurs, et rapidement, la question est revenue sur «dois-je mettre en eau ou sauver d'abord, lorsque je suis en équipe réduite».

Une réponse très intéressante est venu de Dave, sapeur-pompier depuis 22 ans sur le secteur de Tampa Bay, en Floride (USA).

Voici quelques questions qui ont été posées, et voici ses réponses.

Un seul fourgon arrive. Equipe de 4, Quoi faire en premier? S'occuper de l'eau ou faire les sauvetages ?

L'eau. C'est la routine pour nous. Le premier fourgon qui arrive a une équipe de 4. L'un des 4 tire une ligne pré-connectée, le second le suit avec les outils, puis l'Officier, et le 4éme s'occupe de la pompe. Dès qu'ils sont dedans, les 2 premiers cherchent, et le troisième les protége avec la lance.

Il peut y avoir des difficultés d'accès ou une grande hauteur. Quoi faire en premier ? Eau ou sauvetage ?

Nous avons beaucoup de buildings sur notre secteur, nous sommes donc bien entraînés pour ça. C'est la même chose. La seule différence c'est que les 4 hommes vont au premier étage. L'un connecte la ligne sur la colonne, le second avance l'établissement jusqu'à la porte, les deux autres forcent la porte (si nécessaire). Dès que la lance est en eau, 2 font les recherches, tandis que les deux autres les protégent avec la lance.

Il y a des cas ou le choix doit être fait entre sauver avec ou sans eau?

Certainement et dans ce cas, tout dépend de la situation.Mais pour nous, c'est exceptionnel. Nous avons passé beaucoup de temps à analyser notre secteur pour y découvrir les lieux qui n'étaient pas accessibles avec notre établissement pré-connecté. Pour ces endroits, nous avons un ensemble de tuyaux pré-connectés, directement montés avec une vanne. Nous pouvons facilement hisser tout cela avec nos outils prévus pour les grandes hauteurs. Et dans ce cas, même si nous avons un temps de mise en ?uvre supérieure, cela ne dépasse jamais 4 à 5 minutes.

Conclusion

La mise en ?uvre d'un matériel, quel qu'il soit, doit donc passer par l'analyse et surtout par une remise en cause des usages et des habitudes, et par une formation adaptée. Il convient de définitivement oublier le temps ou le matériel arrivait dans les centres sans explications, sorte de cadeau de Noël sur lequel tout le monde se précipite, sans savoir comment s'en servir. La Loi impose d'ailleurs la fourniture de matériel, mais également la formation. C'est à ce prix que les sapeurs-pompiers pourront rester efficaces. Car de toutes façons, s'il n'y avait pas besoin de formation, il suffirait d'avoir des camions et de faire monter dedans le premier badaud venu, dés que la sirène se déclenche?

PL Lamballais avec l'aide des membres du forum







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