Paris-Opéra

Date: 23 avril 2005 à 22:25:07
Sujet: Actualités


Vendredi 15 avril vers 2H00 du matin, un incendie a ravagé l'hôtel Paris-Opéra, situé rue de Provence, à Paris, faisant plus d'une vingtaine de morts. Il est évidemment difficile de déterminer avec exactitude le déroulement des événements, mais quelques points doivent attirer notre attention, d'autant que nous avons déjà eu connaissance de ce type de phénomène.



L'étude de deux documents (un schéma et une photo), permet d'insister sur le phénomène de propagation : l'incendie s'est déclaré au premier étage, et l'on peut donc imaginer qu'il a été correctement ventilé par l'accès du rez-de-chaussée, au niveau du hall d'entrée. Le simple fait que des personnes ont certainement voulu soit sortir soit entrer par ce chemin, a nécessairement provoqué l'ouverture de la porte du hall, donc la ventilation du foyer. Cela suppose donc que la porte du premier étage était restée ouverte en totalité ou partiellement.

Dans le cas contraire, la propagation se serait sans doute faite via la fenêtre. En effet, la différence de pression entre l'intérieur de la pièce en feu et l'extérieur (de nuit, donc avec une température assez basse donc une dépression assez forte) est plus importante qu'entre cette pièce et l'escalier. Les flammes et les gaz chauds ayant tendance, naturellement à se diriger vers la sortie la plus facile, s'ils sont sortis par l'escalier c'est que le porte était ouverte, ou qu'elle a cédé assez facilement ou du moins plus facilement que la fenêtre.

Une propagation par la fenêtre aurait provoqué une production de flamme sur la façade, feu sur les huisseries etc.. Dans ce cas, seule issue : l'escalier avec passage obligé devant la porte de la pièce en feu.

Une fois dans l'escalier, avec l'afflux d'air par le bas, les fumées sont montées.

Par chance, elles n'ont visiblement pas trouvé de pièce ouverte dans les étages et il semble que les occupants aient quasiment tous eu le réflexe de ne pas ouvrir (ou très peu).

Les fumées se sont donc accumulées en partie supérieure de l'immeuble, donc dans les combles. A ce niveau, soit la toiture a légèrement cédé, laissant passer la fumée qui a alors pris feu, soit, hypothèse plus plausible, une des fenêtres s'est ouverte, amenant le comburant nécessaire : les fumées, très chaudes et chargées en carbone, n'attendaient plus que cet apport pour compléter le triangle du feu et s'enflammer.

Le schéma ci-contre laisse penser que ce sont les flammes, gigantesques, qui auraient propagé l'incendie. Mais dans ce cas, pourquoi les portes n'ont-elles pas cédé ? Car si les flammes avaient réellement parcouru l'escalier, les murs de celui-ci se seraient embrasés, et les portes aurait rapidement cédé. Nous pouvons donc penser qu'au contraire, seules des fumées se trouvaient dans le couloir. Très chaudes, elles ont chauffé les éléments présents, qui, par leur dégagement de gaz de pyrolyse, ont accru la masse de gaz inflammables qui s'est trouvée bloquée dans les combles.

La photo ci-dessous, extraire du journal Ouest-France, est l'une des plus intéressantes que nous ayons pu trouver : nous y voyons les combles en feu, avec sur la gauche la présence de lueurs rouges, provenant de la lumière dégagée par le foyer, situé à droite et dont la couleur jaune laisse supposer une très bonne ventilation.

A l'étage inférieur, la fenêtre de droite ne montre aucune fumée, tandis qu'à la fenêtre de gauche, les fumées de pyrolyse sont parfaitement visibles avec leur couleur blanche caractéristique. Bizarrement à l'étage en dessous, c'est l'inverse: les fumées blanches de pyrolyse sont légèrement visibles à droite, mais pas à gauche. Ceci s'explique peut-être par le fait que l'escalier est une fois à droite,une fois à gauche : nous pouvons donc penser qu'à chaque étage il y a fumée de pyrolyse du côté d'arrivée de l'escalier, et rien de l'autre et que cette fumée s'opacifie au fur et à mesure de la hauteur puisqu'il y en a évidemment de plus en plus au fur et à mesure que l'on monte.

L'élément majeur de cet incendie semble donc être le mode de propagation : feu en partie inférieure, montée des fumées par la cage d'escalier, puis inflammation en partie supérieure, ceci déclenchant alors deux foyers distincts, et nécessitant des moyens d'attaque très différents.

Durant l'année 2004, un cas un peu similaire a été remarqué sur Angers (49) avec un départ de feu en RdC dans un débarras, et une propagation via une gaine de ventilation, dans les combles d'un immeuble attenant. De même, le secteur de Montigny en région Parisienne, a connu un cas similaire dans un petit immeuble, avec un feu de RdC propagé au 3éme via les fumées dans la cage d'escalier.

Les fumées sont chaudes, mobiles, et inflammables et trouvent ici un terrain de jeu idéal pour nous montrer qu'elles constituent certainement l'élément le plus dangereux de nos interventions.

Ces cas doivent nous inciter à la prudence : un feu de cave peut rester un feu de cave, mais s'il se passe dans la cave d'un immeuble, la demande d'une EPA en renfort est sans doute la première demande que devrait faire tout Chef d'Agrès un peu censé. Car une fois la toiture embrase, le temps que les renforts arrivent sur les lieux, les choses risques de devenir difficiles à contrôler. De même, l'évacuation immédiate de tous les occupants situés en partie supérieure est une priorité : le cas du backdraft de Watt-Street montre que se trouver au-dessus du feu n'est jamais une situation enviable.

L'Equipe de flashover.fr







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