Les accidents ne font pas partie du métier de pompier !

Date: 24 janvier 2011 à 20:39:55
Sujet: C'est mieux en le disant!


Le sapeur-pompier est un homme qui réalise un travail sur un terrain parfois dangereux. Comme le couvreur qui glisse du toit de la maison, le maçon qui tombe de l’échafaudage ou le marin pêcheur tombé en mer et qui n’aura pratiquement aucune chance de survie. 
Piégé à la fois par l’image d’Epinal qu’il aime à véhiculer et par l’adoration que lui porte la population, le sapeur-pompier est, comparativement aux dangers qu’il côtoie, peu attentif à sa sécurité. Ce n’est pourtant qu’un travailleur comme un autre. Et si nous estimons que son activité est encore plus dangereuse que la moyenne, il faudrait donc qu’il soit encore plus attentif et que son comportement en terme de sécurité, soit exemplaire.
A notre connaissance, dans le monde Francophone, la CSST (Commission de la Santé et de la Sécurité du Travail du Québec) est le seul organisme à analyser les accidents de sapeurs-pompiers comme il se doit, c’est-à-dire comme des accidents mettant en cause des travailleurs effectuant une mission avec du matériel, des compétences et des règles. Avec leur aimable autorisation, nous publions un document, sorte de cri d’alarme que le CSST a lancé en direction des sapeurs-pompiers. Certains diront que cela ne change et ne changera rien. La fin du document et les contraintes appliquées aux employeurs en feront peut-être réfléchir quelques-uns.

CSSTLa CSST sonne l'alarme : Les accidents ne font pas partie du métier de pompier !

Montréal, 3 février 2009 -

La CSST dévoile aujourd'hui les conclusions de ses enquêtes sur le décès de deux pompiers. Le 4 mars 2008, Mathieu Émond, pompier à temps partiel pour la ville de Varennes, périt dans un incendie qui a ravagé une résidence de Varennes. Cinq jours plus tard, le 9 mars 2008, André Manseau, également pompier à temps partiel, meurt alors qu'il combat un incendie dans un quartier résidentiel de la municipalité de Val-des-Monts en Outaouais. Dans les deux cas, la formation et la supervision sur l'utilisation d'un appareil de protection respiratoire isolant autonome (APRIA) sont déficientes.

Depuis 5 ans, en plus de ces deux cas, quatre autres pompiers sont décédés d'asphyxie. En moyenne, 500 accidents impliquant des pompiers se produisent chaque année. La CSST souhaite que le milieu se prenne en charge et veut sensibiliser tous les corps de pompiers du Québec à l'importance de la gestion des équipements de protection respiratoire. Il n'y a pas de place pour l'improvisation dans un métier comme celui de pompier.

Varennes : Rappel des événements

Dans la nuit du 3 au 4 mars 2008, Mathieu Émond, 26 ans, effectue avec deux de ses collègues une intervention offensive dans une résidence en feu. Ils se rendent au sous-sol de la maison pour localiser le foyer d'incendie. M. Émond manque d'air, soulève la partie faciale de son APRIA, prévient ses collègues et s'effondre sur le sol. Un collègue informe par radio le commandant, tente de soulever M. Émond et n'y parvient pas. Des équipes de sauvetage sont formées, mais les tentatives de sauvetage sont infructueuses. Le corps du pompier est retrouvé au matin. Il est mort d'une intoxication au monoxyde de carbone.

La CSST retient trois causes pour expliquer l'accident survenu à Varennes

D'abord, la gestion des opérations de sauvetage est déficiente, de même que la gestion des équipements de protection individuelle.  Pour ces deux éléments, les pompiers n'avaient pas reçu la formation et l'entraînement nécessaires et ils n'avaient pas les équipements spécialisés pour effectuer un sauvetage. Finalement, la conception de la valve de canalisation principale de l'APRIA permet sa fermeture accidentelle.

Varennes : Exigences de la CSST

La CSST exige de l'employeur qu'il s'assure que tous les pompiers portent leur avertisseur de détresse personnel durant un incendie et qu'il leur fournisse une radio portative émettrice-réceptrice munie d'un microphone pouvant être porté à l'épaule ainsi qu'une lampe portative. De plus, l'employeur doit former les pompiers sur le port de l'APRIA, comprenant un volet sur son ajustement et les manoeuvres à effectuer en cas de défaillance, et sur les méthodes de sauvetage d'un pompier en difficulté.

Val-des-Monts : Rappel des événements


Le 9 mars 2008,  des pompiers tirent un tuyau d'incendie dans le garage d'une maison pour combattre le feu qui fait rage dans la résidence. À la demande de leur supérieur, ils ne portent pas la partie faciale de leur APRIA pour économiser le contenu de leur bouteille d'air comprimé. Un craquement se fait entendre. André Manseau, 18 ans, crie à ses collègues de fuir. Le toit du garage s'effondre. M. Manseau est prisonnier des décombres et toujours vivant. Il est dégagé par ses collègues 45 minutes plus tard, mais il est trop tard, il est décédé par asphyxie.

La CSST identifie deux causes pour expliquer l'accident survenu à Val-des-Monts
 
Le garage est utilisé pour combattre l'incendie alors que son intégrité structurale est menacée, exposant ainsi les pompiers à un danger d'effondrement. La supervision des travailleurs à l'égard du port de l'APRIA est déficiente, ainsi, un travailleur se retrouve dans une zone d'air contaminé sans la partie faciale de son appareil de protection respiratoire isolant autonome.

Val-des-Monts : Exigences de la CSST

La CSST exige de l'employeur qu'il établisse des directives de sécurité sur les mesures à prendre dans l'évaluation des risques d'effondrement des structures, sur les tâches pouvant être accomplies de façon sécuritaire par un pompier apprenti sur les lieux d'une intervention, sur le nombre minimal de pompiers prêts à intervenir ainsi que sur les moyens et équipements requis pour une attaque dans des conditions sécuritaires à l'intérieur d'un bâtiment.

Municipalités mises à l'amende


La CSST considère que les villes de Varennes et de Val-des-Monts ont agi de manière à compromettre la sécurité de leurs travailleurs. En conséquence, des constats d'infraction leur ont été délivrés. Pour ce type d'infraction, l'amende peut varier de 5 000 $ à 20 000 $ pour une première offense ou de 10 000 $ à 50 000 $ en cas de récidive.

Prévenir les dangers

Pour éviter que de tels accidents ne se reproduisent et afin que des mesures soient prises pour permettre aux pompiers d'exécuter leur travail de façon sécuritaire, la CSST a transmis les conclusions de ses enquêtes à l'École nationale des pompiers du Québec, au ministère de la Sécurité publique du Québec, à l'Association sectorielle paritaire - secteurs affaires municipales, aux différents services de Sécurité incendie du Québec et aux fabricants relativement à la conception de l'appareil de protection respiratoire autonome.


Note : le texte reproduit ci-dessus dans son intégralité, sans altération, l’est avec accord du CSST. Le document original est disponible sur le site internet de cet organisme, dans la zone Salle de Presse, sous la référence 1 866 302-CSST (2778).  Toute reproduction, extraits, utilisations etc. de tout ou partie de ce document, ne pourra se faire qu'avec autorisation du CSST. Les rapports des accidents dont il est question dans ce texte sont disponibles dans la zone téléchargement, en cliquant ici.






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