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Caissons et Simulateurs

Dégradation d'équipements en caisson
- Paru le 05/01/2013
- Déjà lu 10936 fois.

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Tactique et Pratique bulletArticle: VPP et moyens radios


La diffusion récente de vidéos montrant des déboires avec l'usage de la ventilation à pression positive a amené de nombreuses réflexions et surtout de nombreuses questions sur ce mode opératoire. La publication par le NIOSH du résultat de l'enquête relative au décès du sapeur-pompier Allan M. Roberts de Baltimore (Octobre 2006) a encore pointé du doigt certaines déficiences, puisque l'un des points à surveiller concerne « la synchronisation entre la ventilation et l'attaque intérieure »
Au-delà des questions sur la ventilation elle-même, ces réflexions en ont amené d'autres, relatives à la tactique générale. Plus récemment des petits exercices sous forme de "cas concrets" avec photos, déposés sur quelques forums internet, ont également validé le fait que les enjeux tactiques étaient globalement mal estimés.

Cet article ne va pas chercher à donner des solutions idéales, « toutes faites », mais devrait inciter à réfléchir à cette vue d'ensemble.

Jonesboro Fire Department
Les questions se posent depuis longtemps, mais ont été amplifiées par la diffusion sur le site You Tube, d'une vidéo du Jonesboro Fire Departement (vidéo supprimée depuis). Sur cette vidéo, un ventilateur est placé à l'entrée de la structure. Une fois le ventilateur en place, le sapeur-pompier qui l'a positionné, rejoint le reste de l'équipe, déjà entrée, avec des moyens hydrauliques. Le ventilateur reste donc seul, dehors. A cet instant, la situation semble sous contrôle. Bien sûr, de la fumée sort par l'avant de la structure, mais lorsque l'on connaît le volume de fumée habituellement produit par un feu de ce type, on comprend aisément que ce qui sort par l'avant ne représente qu'une infime partie de cette fumée. L'extraction de la fumée semble donc se faire de façon correcte, ou en tout cas suffisamment correcte pour laisser supposer que la ventilation est efficace. Lorsque la vidéo débute, le ventilateur est déjà en fonctionnement et les premiers intervenants sont déjà dans la maison. Il s'écoule plus de 2 minutes avant que la situation ne se dégrade. Le feu gagne alors en ampleur, puis ressort par le devant de l'habitation après être à priori sorti par une fenêtre, située à droite de l'habitation.

- La puissance du ventilateur est suffisante pour repousser les fumées, mais seulement tant que tout va bien. Dès que la situation se dégrade, la puissance du feu et la surpression qu'il génère sont trop fortes et le ventilateur ne peut plus lutter. En tout cas, il ne semble plus suffisant pour assurer la protection des individus.
- Le fonctionnement initial correct n'est pas la preuve que le fonctionnement va rester correct jusqu'à la fin. Nous sommes face à un feu évolutif mais le choix de positionnement, mise en marche etc... du ventilateur, est ici (et souvent) effectué sur une analyse à un instant précis.
Mais comme la situation évolue, il faudrait envisager le cas ou cette situation « idyllique » ne dure qu'un temps. Concrètement, cela signifie que si la ventilation est une bonne idée à un certain moment, elle peut s'avérer désastreuse quelques instants plus tard. A l'inverse, alors qu'elle peut sembler dangereuse à un certain moment, elle pourrait s'avérer très utile quelques instants plus tard.

Différence Lance - Ventilation
Il semble difficile de comparer une lance à un ventilateur. Une comparaison ergonomique est néanmoins possible. La lance est un outil tenu par un des intervenants. Il a entre les mains cet outil et va décider de son action, en ayant la possibilité de régler celle-ci. Dans le cadre d'une lance à débit variable sur tuyau de 45 (seule lance capable de lutter en cas de dégradation de la situation), il peut régler le débit, l'angle du jet, et choisir d'ouvrir la lance plus ou moins longtemps. Le tuyau est maintenu par son équipier qui aide à l'avancer. Les fonctions sont bien réparties puisque le porte lance observe devant lui et gère sa lance, tandis que son équipier observe les alentours, au-dessus, derrière etc.. Les actions se complètent et le binôme possède des moyens lui permettant d'assurer sa survie en cas de catastrophe (position de protection).
Note: nous devons remarquer que la position de protection, seul rempart permettant la survie en cas de problème, nécessite un débit puissant, mais ne protégera que deux individus, ce qui remet en cause certains pratiques « tactiques » comme le fait de rentrer à trois dans une structure (voir plus bas).

La seule dépendance du binôme réside dans l'alimentation du tuyau donc dans le travail de l'opérateur pompe. Mais celui-ci n'a pas à analyser: une fois la pression réglée, il doit se contenter d'assurer celle-ci. Si le binôme est bien formé, il saura économiser son eau, évitera de s'ébouillanter et même avec un seul engin-pompe, il aura de quoi lutter pendant un temps suffisamment long.
En plus, une bonne connaissance de la lance permet au binôme de savoir si l'extinction est réalisable dans les premières secondes. Si ce n'est pas le cas, c'est que la capacité d'absorption thermique de la lance est insuffisante. Il n'a donc pas intérêt à rester sur place, à arroser un feu trop violent: il faut reculer pour sortir, ce choix se faisant rapidement suite à une analyse de la situation.
Dans le cadre de la lance, le porte lance observe, agit, vérifie le résultat de l'action, prépare en conséquence l'action suivante, exécute celle-ci etc...

Le ventilateur participe d'une logique très différente. Il est généralement placé en dehors de la structure, ou en tout cas, loin des intervenants. Mais il a une influence sur une grande distance. Or c'est l'analyse de cette influence qui permet de déterminer l'intérêt de l'usage. Pour la ventilation, celui qui va voir et éventuellement subir l'impact n'est pas celui qui gère le ventilateur. Il y a donc une dissociation entre l'action et la validation, à cause de la distance.

En plus, du fait de cette distance, il peut s'écouler un temps assez long avant que l'opérateur externe (donc celui qui est au ventilateur) ne se rende compte de la dégradation des conditions. Imaginons ainsi un ventilateur qui souffle dans un couloir, qui donne dans une pièce avec une fenêtre ouverte. Admettons que la ventilation fonctionne un certain temps, puis devienne problématique. Il va falloir que la situation se dégrade dans la pièce, puis sur la longueur du couloir, avant que celui qui est à l'extérieur ne s'en rend compte.
Une analyse chronologique de la vidéo du Jonesboro Fire Department montre ce problème de réactivité. Il s'écoule 1min39 avant que le feu n'apparaisse à la fenêtre de droite. A partir de cet instant, il est clair que la situation se dégrade et qu'un arrêt immédiat de la ventilation serait sans doute nécessaire. Il s'écoule encore 6 secondes avant que le feu ne sorte violement par cette fenêtre, puis encore 18 secondes avant qu'il ne passe sur le devant de l'habitation. Et il s'écoule enfin 33 secondes avant que les sapeurs-pompiers ne sortent.
En cumulant ces délais, nous constatons qu'entre l'apparition du premier signe de dégradation (feu sur la droite) et la sortie des sapeurs-pompiers, il s'écoule 57 secondes. Donc près d'une minute durant laquelle la situation est catastrophique, mais pendant laquelle le ventilateur continue à dégrader cette situation.
Si un opérateur était resté au ventilateur et avait arrêté celui-ci lorsque les flammes sont apparues sur le devant, il se serait quand même écoulé plus de 20 secondes durant lesquelles le personnel présent dans le local aurait subit le flux thermique, amplifié par le ventilateur. Et nous pouvons estimer que ce délai de 20 secondes est un minimum car dans l'exemple de cette vidéo, le feu passe facilement du côté sur le devant. Si la sortie des flammes s'étaient faite non pas sur le côté de la structure, mais sur l'arrière, il y a fort à parier que l'aggravation de la situation n'aurait été perceptible en façade, que bien plus tard.

Début de la vidéo 1'39. Apparition de flammes sur le droite 1'42. Sans doute flashover dans le local de droite.
Note: nous pouvons nous demander pourquoi à 1'42, le sapeur-pompier n'arrête pas le ventilateur. En fin de compte, il ne semble venir que pour aider au niveau du tuyau.
2'03. La feu passe sur la façade. 2'36. Sortie des sapeurs-pompiers

Pourtant, cette vidéo n'est pas « exceptionnelle » : à la vue d'autres vidéos dans lesquelles la ventilation dégrade la situation, nous constatons que les sapeurs-pompiers ressortent bien après la sortie des flammes. Alors qu'ils sont entrés en bénéficiant de la veine d'air frais, ils ressortent en passant sous le plafond de flammes.

Formation à la ventilation
Dans les différents centres de secours, la fourniture des ventilateurs n'a pas toujours fait l'objet d'une formation poussée. Lorsqu'il y a formation, celle-ci se compose généralement de deux parties:

  • Une partie consacrée au matériel lui-même: mise en route, arrêt, rangement, vérification des niveaux etc..
  • Une partie exemple, basée de façon quasi-exclusive sur des dessins et parfois des plans d'habitations

Sur ces plans, nous plaçons le feu, puis le ventilateur et nous traçons le chemin de l'air, pour montrer, dans la majorité des cas, que c'est une méthode efficace. Mais à leur arrivée sur les lieux, les sapeurs-pompiers disposent rarement du plan de l'habitation. Ils sont plutôt en Terra Incognita: la seule vision qu'ils ont, va être celle d'une fenêtre avec des flammes qui sortent, et la porte d'entrée face à laquelle ils se trouvent. Et-ce que cette porte donne directement dans la pièce en feu, dans le couloir, dans une pièce intermédiaire? Est-ce que les portes s'ouvrent dans le sens habituel? Est-ce qu'il existe des sorties qui vont extraire les fumées et les envoyer vers d'autres endroits? Mystère.

Alors même que le plan ou la maquette donne une vue générale de la structure, dans la réalité le sapeur-pompier ne va en voir qu'un ou deux mètres. Lorsqu'il se sera avancé et aura donc analysé ces 2 mètres, il en verra 1 ou 2 autres, qu'il pourra analyser en avançant etc... Les intervenants vont donc « construire » le plan de la structure au fur et à mesure de leur progression alors même que la formation leur a généralement donné l'ensemble du plan. Dans la réalité, ce n'est donc peut-être qu'au bout de 10 mètres qu'ils pourront savoir si la ventilation est, ou n'est pas une bonne solution.

Il serait sans doute plus réaliste de montrer seulement le début du plan et de demander aux stagiaires: que faites-vous? Sans possibilité de voir par où passera la veine d'air, le choix est beaucoup plus délicat quant à l'utilisation ou non de la ventilation.

La communication
Au-delà de la mise en route ou de l'arrêt d'un ventilateur, force est de constater que le point le plus important concerne la communication.

Puisqu'il est quasiment impossible de déterminer à l'avance la réussite de la ventilation, sans entrer et sans visiter la structure, il devient clair que seule une communication entre les « visiteurs » et les « opérateurs » permettra de gérer la mise en route ou l'arrêt de la ventilation, à moins d'avoir un ventilateur pilotable à distance.

Si la ventilation n'est pas encore active, comment l'activer? Et si elle est active et que cela s'avère une très mauvaise idée, comment l'arrêter7
Sans communication, rien n'est faisable, ni dans un sens, ni dans l'autre.

Imaginons que la ventilation ne soit pas une bonne idée. Dans ce cas, soit elle reste active et la fuite devient la seule issue, soit il est possible de l'arrêter. Dans ce cas, comme le flux d'air ne possède pratiquement pas d'inertie, cela veut dire que l'effet s'arrêtera dès que la ventilation sera stoppée. Cela signifie aussi qu'en arrêtant la ventilation, la situation changera presque immédiatement et nous pouvons alors imaginer que l'attaque puisse se dérouler sereinement.

Si la situation se dégrade et que la seule solution consiste à se sauver, cela veut dire que pour mettre en oeuvre une autre stratégie, il faut attendre que la dégradation soit effective, puis que les sapeurs-pompiers ressortent. Entre le début de la dégradation et la mise en oeuvre d'une autre stratégie, le ventilateur a continué à souffler et donc à dégrader la situation. C'est ce qui se passe dans la vidéo du Jonesboro Fire Department. Et lorsque les sapeurs-pompiers ressortent, force est de constater que la structure est déjà endommagée, puisque la solution choisie consiste ensuite à attaquer par l'extérieur. Il en est de même sur la vidéo de l'incendie de Beaumont (USA).

L'arrêt de la ventilation peut aussi se faire de façon accidentelle: l'opérateur qui s'occupe du ventilateur peut déceler des faiblesses de fonctionnement, se rendre compte qu'il ne va pas tarder à s'arrêter. Il faut alors qu'il prévienne les intervenants qui sont dans la structure et qui comptent peut-être beaucoup sur la ventilation.

La dimension des sortants
Lorsque l'on parle de la ventilation, la vérification des « sortants » apparaît comme l'un des points les mieux surveillés. Mais nous sommes là encore face à une analyse qui se réalise à un instant précis: à l'arrivée sur les lieux, une analyse des sortants, de leur position et des dimensions, permet de juger de l'efficacité de la ventilation. Mais la ventilation, ce n'est pas seulement injecter de l'air et le faire ressortir. C'est également extraire les fumées. En fait, si nous faisons entrer X m3 d'air dans la structure, et que le feu produit Y m2 de fumée, il faudra logiquement faire sortir plus que X m3. S'il n'y avait que l'air, la fumée produite resterait dans la structure. Or lorsqu'une fenêtre est brisée, la fumée s'échappe et elle s'échappe d'autant plus violement qu'elle est sous pression à cause de sa chaleur.
D'ailleurs, même sans ventilation, nous savons bien que les sortant sont parfois insuffisants et que le feu évolue: au départ l'apport d'air se fait par le bas de l'ouverture et la sortie des fumées par le haut. Plus la production de fumée augmente, plus la surface d'extraction (de la porte par exemple), augmente et plus la surface dédiée à l'apport d'air, diminue. Mais la situation n'est pas stable: à un certain moment, le plafond de fumée s'écroule et la « respiration » se fait alors par alternance, sur toute la hauteur de l'ouvrant. Nous voyons bien que la situation a évolué. Pourquoi en serait-il autrement lors de l'usage de la ventilation?

Si celle-ci extrait les fumées sans trop alimenter le feu, nous pouvons penser que le sortant sera assez grand tout au long du déroulement. Les fumées vont donc s'en aller, les intervenants vont pouvoir pénétrer dans la structure et attaquer. Plus ils attaqueront, plus le feu baissera en intensité, produira de moins en moins de fumées et la situation s'améliorera. Au contraire, si la ventilation souffle sur le feu, celui-ci prendre de l'ampleur. Il produira alors de plus en plus de fumées et de chaleur. Or, dans l'immense majorité des cas, ce changement d'intensité ne se produira pas immédiatement. Alors que le souffle n'a pas réellement d'inertie, la reprise du feu en a une: lorsque nous ouvrons l'arrivée d'air de la cheminée, le feu met un certain temps à repartir. Une des risques c'est donc que la situation semble correcte pendant un certain temps. Le feu reprend de l'intensité, le débit de fumée augmente et au bout de quelques minutes, le débit d'air en entrée, accumulé avec la production de fumée, se met à saturer le sortant. Celui-ci, largement assez grand au départ, devient trop petit. Il risque alors de se produire une surpression dans le local. Lorsque celle-ci atteindra un seuil suffisant lui permettant de lutter contre le flux d'air, les fumées se mettront à sortir en contrariant le ventilateur. Chaudes et inflammables, ces fumées seront ventilées et prendront facilement feu.
Il est souvent indiqué que « le ventilateur va refroidir les fumées ». Sauf que si ce refroidissement suffisait pour ne pas qu'elles prennent feu, le simple afflux d'air frais par une fenêtre aurait le même effet. L'apport de comburant provoquera certainement un effet plus fort que l'impact de la température de celui-ci.

Généralement, dans les quelques instants qui précédent ce refoulement de fumées en feu, nous voyons apparaître le phénomène dit de « black fire », c'est-à-dire dire de fumées très noires, roulant sur elles-mêmes avant de prendre feu.

Risque de backdraft
Dans le cas de sortant insuffisants, ou devenant insuffisants, outre le risque de sortie rapide des fumées enflammées, il y a également risque de backdraft. Nous en avons quelques exemples sur des exercices réalisés en caisson, comme sur les photos ci-dessous.

Récapitulatif
De tout ceci nous déduisons plusieurs choses:

  • La mise en place de la ventilation ne peut se faire qu'avec un minimum de connaissance de la topologie des lieux, ce qui ne peut se faire qu'avec un plan ou une exploration préalable à la mise en route du ventilateur
  • Le démarrage et l'arrêt de la ventilation doivent être commandés (ou demandés) par ceux qui vont pouvoir analyser le bien fondé de la ventilation
  • La situation reste évolutive, d'un bout à l'autre de l'intervention. Déterminer l'intérêt ou non de la ventilation, ne peut donc pas se faire de façon définitive. Elle peut être inutile à un moment, utile à un autre , à nouveau inutile etc...
  • L'apport d'air peut avoir un effet positif, mais aussi un effet négatif. Positif car cela peut permettre l'extraction des fumées, négatif car cela peut accroître la puissance du feu. Par contre, éviter l'apport d'air ne peut avoir qu'un effet positif car un feu que l'on sous-alimente en air va toujours baisser en intensité.
  • Un feu que l'on sur-alimente en comburant, va gagner en puissance. Pour lutter contre cette augmentation de puissance, il faudra des moyens hydrauliques puissants.

Anti-ventilation
En tout état de cause, il semble dangereux de commencer systématiquement par la mise en fonction de la ventilation (VPP) car sauf rares exceptions, rien ne permet initialement de juger de son impact, positif ou négatif.
Et comme il peut s'écouler un certain temps avant que la dégradation n'apparaisse, il est délicat de commencer à ventiler pour « voir ce que ça donne ».
Mais à bien y réfléchir, il existe pourtant une autre solution: l'anti-ventilation. Elle consiste à refermer l'accès derrière le binôme, afin d'empêcher la ventilation du feu, ou en tout cas, afin de ne pas changer la ventilation actuelle.
Si les ouvertures sont suffisamment grandes pour bien ventiler le feu, celui-ci atteindra le flashover avant l'arrivée des secours. S'il ne l'a pas atteint, c'est que le profil de ventilation est insuffisant. Dans ce cas, faire entrer des intervenants risque de provoquer l'apport d'air et donc de provoquer l'emballement thermique (flashover induit par la ventilation). Par contre, faire entrer le binôme et immédiatement refermer la porte, empêchera d'ajouter une nouvelle entrée d'air. La structure conservera donc son profil de ventilation initiale, et n'ira donc pas jusqu'au flashover.
Bien sûr, refermer la porte ne pourra pas se faire de façon parfaite à cause du tuyau, mais nous considérons que cet apport d'air est négligeable, ou en tout cas qu'il est largement compensé par le refroidissement des gaz.

En utilisant dès le départ cette méthode d'anti-ventilation, le binôme peut progresser. Il peut communiquer avec le personnel resté à l'extérieur, et commander ou non l'usage du ventilateur.

La gestion préalable par anti-ventilation ne date pas d'hier. Déjà présente dans l'ouvrage de Paul Grimwood « Fog Attack », nous la trouvons dans la majorité des méthodes de passage de porte dans lesquelles l'équipier prend soin de refermer le porte une fois le porte lance entré dans le local. C'est ce type d'action que nous voyons sur les vidéos Suédoises, Australiennes (dans l'ouvrage « 3D Firetactics »), qui est enseignée en Grande-Bretagne et depuis peu en Belgique.

Quelques règles élémentaires semblent donc s'imposer dans le cadre de la gestion d'un feu de local, par exemple sur une maison individuelle.

Pour les intervenants qui pénètrent dans la structure:

  • Un seul binôme, jamais un individu seul, mais jamais plus que deux sapeurs-pompiers
  • Le binôme doit posséder des moyens hydrauliques puissants (lance autorisant un débit de 400lpm au minimum)
  • Le binôme doit être formé pour savoir traiter les gaz chauds, observer etc..
  • Moyens radio obligatoires entre l'équipier de ce binôme et le contrôleur de la ventilation, qui reste dehors. Il semble plus logique que ce soit l'équipier qui possède la radio et pas le porte lance, pour des raisons évidentes de commodité.
  • C'est ce binôme qui ordonne la mise en marche ou l'arrêt de la ventilation: Pas de radio = pas de ventilo!

Si l'analyse initiale de la situation incombe au responsable de l'intervention, qui doit suivre les règles élémentaires de sécurité, il n'en reste pas moins évident que ce sont ceux qui peuvent bénéficier de la ventilation, ou au contraire, subir celle-ci, qui doivent avoir le dernier mot.

Le sapeur-pompier qui a en charge le ventilateur est obligatoirement bloqué à cet endroit: il a une radio et il est en liaison permanente avec le binôme qui progresse. Il reçoit les ordres de ce binôme et reste au ventilateur du début jusqu'à la fin, même pendant les déblais. Pour le responsable de l'intervention, ce sapeur-pompier est un relais privilégié: la gestion générale de l'intervention, la demande de renfort, le positionnement des autres intervenants sont autant d'actions qui incombent à l'officier (ou au sous-officier) et celui-ci ne peut logiquement pas réaliser toutes ces opérations et en même temps suivre l'évolution des actions du binôme qui est entré. Or, le sapeur-pompier qui est à la porte, au ventilateur, est à un endroit fixe. Il récupère les informations issues du binôme et lorsque l'officier désire connaître la situation, il lui suffit d'aller voir ce sapeur-pompier, qui est toujours au même endroit et qui sert de relais.

Exemple
Sur certains secteurs, les interventions incendies se font à 6, à 5, à 4 ou même à 3. Il faut donc trouver une solution simple, qui permettra de garantir l'efficacité des actions tout en assurant la protection des personnes.
Nous partirons du cas le plus dégradé, c'est-à-dire un départ incendie à 3 ou 4. Bien évidemment, sur les gros services incendies, le nombre de personnes, la formation et le matériel permettent de travailler différemment.

A l'arrivée sur les lieux, l'officier fait une reconnaissance de toute la structure, de l'extérieur. Il peut en profite pour délimiter la zone de travail avec de la rubalise.
Pendant ce temps, s'il y a un étage, les autres intervenants dressent l'échelle à coulisse. Elle sera utile pour sortir rapidement les éventuelles victimes mais aussi pour permettre l'évacuation des secours si le feu se propage et piége les sapeurs-pompiers
Sauvetages des victimes visibles, appel de renforts etc...
Ensuite mise en place d'une lance sur tuyau de 45mm (ou équivalent) et mise en place du ventilateur, tournant au ralenti
La porte d'entrée étant déterminée, le binôme entre. L'officier reste dehors et maintient la porte fermée sur le tuyau
Lorsque le binôme situé à l'intérieur, estime que c'est nécessaire, il demande la mise en route de la VPP, qui est donc géré par l'officier. Avec seulement 3 personnes, il est pratiquement certain que la solution la plus fiable consistera a attaquer en anti-ventilation, puis une fois le feu éteint, d'ouvrir et donc de ventiler pour les déblais.
Nous sommes ici dans la procédure décrite dans les formations de type « 3 Person Crewing » qui réalise une adaptation des procédures habituelles, généralement prévues pour des équipes plus importantes.

Avec une équipe de 4 personnes, la gestion reste la même, sauf que l'officier peut continuer à gérer l'intervention sans être bloqué au ventilateur.

Au-delà de 4, l'officier veille à ce que le reste de l'équipe ne commence pas à prendre des initiatives douteuses quand à la ventilation (ouverture de fenêtre, fermetures...) ce qui entraînerait des changements de conditions parfois dramatiques pour les attaquants.

Bien évidemment, dans le cas ou du personnel est disponible, il est toujours possible de créer des sortants pour pouvoir utiliser la ventilation. Mais même dans ce cas, commencer par de l'anti-ventilation reste sans doute une bonne solution, sécurisante, et même avec de très larges sorties pour les fumées, la communication radio reste impérative.

Entrer à 3
Sur certains secteurs, l'habitude est de faire entrer trois personnes dans les structures: porte lance, équipier et officier. Quelle que soit la manière dont nous analysons cette solution, difficile d'y trouver un réel avantage. En premier, le déplacement du tuyau ne sera pas facilité: une seule personne suffit auprès du porte lance. Par contre, conserver une personne à la porte, pour maintenir celle-ci fermée et pousser le tuyau, est beaucoup plus utile. Le 3éme intervenant entré pourrait surveiller? Difficilement. Le binôme est composé de deux personnes, qui se complètent. Le porte lance regarde en l'air, devant. Son équipier surveille les arrières, le dessus etc... Avoir une troisième personne, c'est courir le risque de se gêner, de bloquer une zone visuelle et de passer à côté de signes importants, en raison également du grand principe qui veut que plus on est, plus tout le monde croit que l'autre fait le travail ! En cas de repli rapide, trois personnes sont plus difficiles à évacuer que 2. La position de protection ne protége que 2 personnes, pas 3. L'officier doit donc faire confiance à son binôme. Celui-ci va attaquer, gérer cette attaque. Si l'officier veut absolument communiquer avec son binôme, il lui fournira une radio. En tout état de cause, aller avec le binôme juste "pour voir" est un réflexe de simple curiosité, qui va compliquer la situation, accroître le niveau de danger et diminuer les chances de repli, donc de survie. C'est cher payer la curiosité!
Progression. Le porte lance gère ce qui se passe en haut, devant lui. La surveillance de tout le reste de la zone est réalisée par l'équipier. Protection sous un jet diffusé, débit maximum. La couverture possible ne protége efficacement que deux individus, l'un contre l'autre.

VPP lors de l'attaque ou seulement lors du déblai ?
« La stratégie de la ventilation doit être intégrée dans l'attaque. Je pense que la meilleure pratique sera un mélange entre le contrôle de l'air entrant dans la structure (point de vue Européen) et l'extraction de la fumée (point de vue Américain). La décision d'usage de la ventilation doit être faite en prenant en compte :

  • la situation dans la structure
  • Influence de la ventilation sur les conditions de l'incendie

La VPP est une méthode efficace, si les conditions permettant son utilisation sont effectivement réunies. Ce n'est pas la solution miracle. Comme toutes les autres sortes de ventilation, la mise en place de la VPP nécessite de savoir ce qui se produira lorsqu'on la mettra en place » (Ed Hartin)

Alors, VPP durant l'attaque ou seulement au déblais ? La question reste ouverte. Certains services incendies ont tranché. C'est le cas du New South Wales Fire Brigade, dont le « Bulletin Sécurité » N°16 de 2006 est assez explicite :

« L'utilisation inappropriée de la VPP et l'introduction d'air frais avant de localiser et éteindre le foyer d'un incendie peuvent conduire à une progression rapide du feu et à des conditions extrêmes.

La VPP ne doit être utilisée que dans le but d'éliminer la fumée et d'autres produits de la combustion lors de la phase post-incendie . Avant d'utiliser la VPP, le foyer de l'incendie doit être localisé et contrôlé de façon adéquate, sous la surveillance du Contrôleur Sécurité Incident. Une fois cela fait, les méthodes standard de VPP peuvent être utilisées. »

Conclusion
La ventilation peut être une solution efficace. Mais sa mise en oeuvre demande de sérieuses précautions. Le positionnement du matériel, distant de la zone d'effet, est sans doute le détail le plus délicat. Seuls des moyens radios permettent de s'affranchir de ce problème, surtout lorsque le personnel est en petit nombre. Lorsque toutes les conditions ne sont pas réunis, la VPP peut s'avérer rapidement dangereuse. Mieux vaut alors pas de VPP qu'une VPP approximative. Au contraire, avec toutes les conditions réunies, c'est un atout majeur pour l'intervention.


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